Maître Chojun MIYAGI (1888-1953)
Maître Chojun MIYAGI naquit à Naha en 1888. De constitution robuste, il aimait les activités physiques. En 1916, après le décès de son Maître, Chojun MIYAGI décida de se rendre également en Chine à Fuzhou, pour parfaire ses connaissances dans l'art de combat chinois.
Peu de temps après son retour à Okinawa, Chojun MIYAGI commença à enseigner et c'est à ce moment, quil créa Tensho, un kata à mains ouvertes, qui est une adaptation du Rokkishu de l'école de la Grue Blanche. Il élabora par la suite les kata Gekisai Ichi et Gekisai Ni, destinés à la pratique des débutants.
En 1921, le prince héritier d'alors, HIRO HITO, fit escale à Okinawa. Il y eut une démonstration au château de Shuri, à laquelle les maîtres participèrent. Chojun MIYAGI fut l'un d'eux. Il sentait que l'art de combat d'Okinawa pouvait déborder l'île et intéresser le Japon. Il créa, en 1926, l'Association de recherches , avec des Maîtres tels que Hanashiro CHOMO, Kenwa MABUNI. Ce groupe de réflexion et d'échange lui permettait d'acquérir encore plus de connaissances, mais aussi de rassembler tout ce qui comptait comme Maîtres reconnus, en vue d'une possible promotion de l'art d'Okinawa.
Cette même année, il avait rencontré Maître Jigoro, KANO, le fondateur du judo, qui, en 1921, avait invité Maître Gichin FUNAKOSHI à venir faire une démonstration au Kodokan. Maître KANO effectuera plusieurs visites à Okinawa. Chojun MIYAGI le rencontra, bien sûr, et, peu à peu, il se mit à imaginer d'implanter l'art d'Okinawa au Japon comme un Budo. Il rejoignait, de ce fait, le projet de Gichin FUNAKOSHI, installé à Tokyo depuis 1922, qui était en train de réaliser cet objectif en changeant la lecture du mot karaté .
En 1928, Chojun MIYAGI se rendit à Kyoto, pour étudier les possibilités d'extension du karaté dans la région centrale du Japon. Il effectua des démonstrations dans les universités. Mais, devant l'accueil réservé du public, il estima plus sage d'attendre. Il se contenta de démonstrations pour tenter de capter l'intérêt du public. Il comprit que la démarche entreprise par Gichin FUNAKOSHI, qui était aussi la sienne, ne serait pas facile, compte tenu de la culture martiale du Japon. Le succès dépendant de la possibilité pour le karaté d'être démontré et accepté par le Dai Nippon Butokukai, organisme d'État créé dans le but de contrôler tous les arts martiaux. Le gouvernement militariste de l'époque avait réuni, en son sein, tous les plus grands Maîtres des différentes disciplines de ce temps. Il attendait d'eux, la formation des pratiquants à l'esprit Bushido.
En 1929, Maître Chojun MIYAGI commença à enseigner à l'école de police et à l'école Normale, tout en enseignant de temps en temps au Japon.
Ce fut aussi en 1929 que le Dai Nippon Butokukai organisa une grande démonstration, afin de célébrer l'intronisation de l'empereur SHOWA. Maître Chojun MIYAGI fut convié à participer, mais, n'ayant pu honorer cette invitation, il chargea un de ses meilleurs disciple, Jinan SHINZATO, de le remplacer.
A l'occasion de cette démonstration, lorsque maîtres demandèrent à Jinan SHINZATO le nom de son école, après une brève hésitation, il annonça Anko-ryu, qui signifie école semi-dure.
Lorsqu'il retourna à Okinawa et raconta à Maître MIYAGI lanecdote, ce dernier décida d'appeler alors son style Goju-Ryu, ce qui signifie école de la force (go) et de la souplesse (ju).
Maître Chojun MIYAGI fit, en 1933, une démonstration au Butokuden, le Palais du Budo du Dai Nippon Butokukai, devant les Maîtres de différents Budo. Ils avaient assisté à d'autres démonstrations de cet art de combat, en particulier à celles de Gichin FUNAKOSHI, dont les résultats ne semblaient pas très probants, puisque le karaté n'était toujours pas accepté au sein de cette organisation. Donc, il n'était pas considéré comme un Budo, au même titre que le kendo, le judo etc...
Pour cette occasion, Il rédigea un fascicule intitulé karaté Jutsu Gaisetsu pour expliquer ce qu'était, pour lui, cette discipline.
En 1935, il se présenta devant les Maîtres du Dai Nippon Butokukai et passa un examen pour l'obtention d'un titre. C'était la première fois qu'un Maître de karaté effectuait cette démarche. Il obtint celui de Kyoshi, au-dessus de Renshi et en dessous de Hanshi. Cest le seul Maître de karaté de lépoque à avoir reçu ce titre. Les Maîtres Hironori OTSUKA, Gichin FUNAKOSHI et Kenwa MABUNI obtiendront eux le titre de Renshi.
Maître MIYAGI aimait parler, des heures durant, des origines chinoises du karaté, de ses liens avec le bouddhisme, mais aussi des relations entre le karaté et certains aspects de la culture d'Okinawa. Il comparait le karaté Goju Ryu à un saule pleureur. « Quand le vent souffle avec violence » disait-il, « les branches volent dans tous les sens, mais demeurent intactes, tandis que le tronc, bien planté au sol, résiste ».
Il décéda le 8 octobre 1953, il avait soixante-cinq ans.
Après sa
mort, la responsabilité de l'enseignement du Goju ryu sera assurée, sur l'île
principale du Japon, par Gogen YAMAGUSHI et, à Okinawa, par trois de ses disciples
directs :
Eiichi MIYAZATO, Meitoku YAGI et Seiko
HIGA.